Qu’est-ce que l’huile de palme rouge
L’huile de palme rouge, parfois appelée simplement huile rouge, est une huile vierge extraite de la chair des fruits du palmier à huile (Elaeis guineensis). Elle est naturellement d’une couleur intense rouge ou orange, en raison de sa très forte concentration en caroténoïdes. Contrairement à l’huile de palme utilisée dans l’industrie agroalimentaire et cosmétique, l’huile rouge est non raffinée, et conserve de nombreux nutriments (bêta-carotène et vitamine E) ainsi qu’une saveur caractéristique. Elle est semi-solide à température ambiante en raison de sa forte proportion d’acides gras saturés.
L’huile de palme a un goût assez prononcé, végétal et « terreux ». D’autres le comparent à la carotte ou au paprika. C’est un goût qui peut être déroutant quand on n’a pas grandi avec, ce pourquoi certaines marques utilisent un processus de filtration pour l’atténuer.
L’huile de palme ne doit pas être confondue avec l’huile de palmiste (« palm kernel oil » en anglais) qui est extraite en moindre quantité du noyau des fruits. Pour 100 kg de fruits, on extrait environ 22 kg d’huile de palme et 1,6 kg d’huile de palmiste.
Le palmier à huile est originaire d’Afrique, son nom d’espèce guineensis faisant référence à la côte de Guinée. Son huile y est utilisée depuis des milliers d’années, comme le prouvent des restes retrouvés dans une tombe égyptienne datant de 3000 ans avant JC. Les populations locales récoltaient traditionnellement les fruits des palmiers sauvages. Ce sont les Européens qui ont commencé à créer des plantations de palmiers à huile vers le début du 20e siècle.
Quel est le problème avec l’huile de palme ?
Que reproche-t-on à l’huile de palme ? C’est un sujet complexe, mais pour faire court, le problème est social (expropriations, emploi de migrants sans-papiers, conditions de travail… bien que la production d’huile de palme nourrisse également des millions de gens) et surtout environnemental. En effet, le palmier à huile est un arbre tropical, qui s’épanouit dans des régions où poussent des forêts extrêmement riches en biodiversité. Elles sont souvent rasées pour faire place à de nouvelles plantations afin de répondre à la demande grandissante de l’industrie. C’est le cas en particulier en Malaisie et en Indonésie. Non seulement cela détruit des écosystèmes (notamment l’habitat des orangs-outans), mais la déforestation libère également tout le carbone qui était stocké par les arbres, ce qui n’arrange pas le climat.
Pourquoi un tel engouement de l’industrie pour l’huile de palme ? Pour son coût très faible tout d’abord, dû au prix de la main-d’oeuvre sur place, aux faibles besoins en engrais et énergie, mais aussi à la productivité exceptionnelle du palmier à huile : à surface équivalente, le palmier produit au moins 5 fois plus d’huile que le colza, le tournesol ou le soja. L’huile de palme est également appréciée pour sa stabilité, et le fait qu’elle soit solide à température ambiante sans avoir besoin d’être hydrogénée.
Huile de palme rouge et nutrition
Certains reprochent aussi à l’huile de palme d’être mauvaise pour la santé. Il est vrai qu’elle est riche en acides gras saturés, environ 50%, soit un peu moins que le beurre qui se situe vers 57%, et beaucoup moins que l’huile de coco qui tourne autour de 90%.
Les acides gras saturés ont longtemps été considérés comme favorisant les maladies cardio-vasculaires, et c’est pourquoi ils sont toujours indiqués dans les informations nutritionnelles (« dont acides gras saturés… »). Mais depuis une dizaine d’années, de nombreuses méta-analyses remettent en doute ces conclusions1. Si la question n’est pas encore tranchée, il est probable que l’effet négatif des graisses saturées, s’il y en a un, soit loin d’être aussi important qu’on le pensait. D’ailleurs, on parle souvent du « French paradox »2 : le régime alimentaire français est en effet riche en graisses saturées (beurre, fromage, charcuterie) et pourtant la France a un taux de maladies cardio-vasculaires plus faible que celui de nombreux autres pays comme les États-Unis, l’Angleterre ou l’Allemagne.
Du côté positif, l’huile de palme rouge (donc non raffinée) est très riche en antioxydants, dont du bêta-carotène (précurseur de vitamine A) et de la vitamine E. Mais il ne faut pas se leurrer pour autant : les fruits et légumes restent la principale source de vitamines dans une alimentation équilibrée.
Huile de palme rouge : bonne ou mauvaise ?
Pour conclure, le palmier à huile n’est pas « mauvais » en soi, et sa productivité exceptionnelle en fait un atout pour l’agriculture mondiale, à condition que sa culture se fasse dans le respect des hommes et de la planète.
Au quotidien, il vaut mieux privilégier en France les huiles plus locales, comme le tournesol et le colza. Mais je pense qu’en faisant des recherches, il est également possible d’acheter un peu d’huile de palme rouge produite de façon responsable, et continuer à dormir la nuit.
Où trouver de l’huile de palme rouge
On trouve de l’huile de palme rouge dans de nombreuses épiceries exotiques/africaines. Attention cependant, même avec des noms de marque africains, cette huile peut venir de Malaisie ou d’Indonésie ! À éviter donc, pour les raisons environnementales citées plus haut. Quand l’origine n’est pas clairement écrite, je préfère me méfier, et même quand l’huile vient d’Afrique, il est difficile de se faire en avis précis en l’absence de tout label.
Il existe bien un label pour l’huile de palme durable : la certification RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil). Mais non seulement il est difficile de trouver de l’huile avec cette certification, mais le label lui-même est assez critiqué.3
Quid de l’agriculture biologique ? Le label bio, en lui-même, n’apporte aucune garantie environnementale ou sociale. Certains font remarquer que l’agriculture bio requiert une plus grande surface pour produire une même quantité d’huile, et pourrait donc ne faire qu’aggraver la déforestation. De plus, le groupe Daabon, le principal producteur d’huile de palme bio en Colombie, a été mêlé à des histoires d’expropriation4.
On peut tout de même espérer qu’en achetant à des marques bio réputées, on a plus de chances de tomber sur des pratiques responsables, mais mieux vaut faire ses propres recherches.
Conseils d’achat d’huile de palme rouge
Personnellement, je me suis tournée vers l’huile de palme de la marque allemande Ölmühle Solling. Elle est produite au Ghana, certifiée bio et équitable. Leur huile est disponible sur divers sites dont amazon.
Une autre marque qui semble sérieuse est Amanprana. Leur huile est produite en Colombie, certifiée bio et RSPO. On la croise paraît-il dans certains magasins bio, et sur divers sites Internet.
Par quoi remplacer l’huile de palme rouge
L’huile de palme rouge a un goût caractéristique qui n’a pas de remplacement. Mais si vous n’êtes pas attaché à retrouver le « vrai » goût traditionnel d’un plat, alors n’importe quelle autre huile végétale peut être utilisée.
- https://en.wikipedia.org/wiki/Saturated_fat_and_cardiovascular_disease https://www.healthline.com/nutrition/5-studies-on-saturated-fat [retour]
- https://en.wikipedia.org/wiki/French_paradox [retour]
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Table_ronde_sur_l%27huile_de_palme_durable#Critiques http://vivresanshuiledepalme.blogspot.com/2020/01/deforestation-et-impact-social-de.html [retour]
- https://www.sauvonslaforet.org/petitions/554/huile-de-palme-de-colombie-expulsion-pour-des-produits-bio-allemands [retour]